05/02/2011

L'année Carlos


Mes dix films préférés de l'année écoulée:
- Carlos (Olivier Assayas)
- Vous allez rencontrer un bel et sombre inconnu (Woody Allen)
- The Ghost Writer (Roman Polanski)
- Poetry (Lee Chang-dong)
- A Serious Man (Joel & Ethan Coen)
- Another Year (Mike Leigh)
- Shutter Island (Martin Scorsese)
- Tamara Drewe (Stephen Frears)
- La Princesse de Montpensier (Bertrand Tavernier)
- The Social Network (David Fincher)

S'il fallait choisir en particulier l'un de ces films, ce serait sans conteste "Carlos", pour son amplitude historique, son rythme et la réflexion politique qu'il propose. La démarche d'Assayas est comparable à celle d'un Francesco Rosi qui n'analyse pas, ne juge pas et ne prend à aucun moment parti pour au contraire saisir les faits, rien que les faits, dans toutes leurs complexités et sans négliger le rôle de chacun des acteurs, à tous les niveaux. Car Assayas, avec "Carlos" n'a pas voulu faire le portrait d'un homme, mais montrer bien plutôt sa soumission à des forces et des enjeux politiques qui le dépassent sans cesse. Le film n’est pourtant à aucun moment démonstratif ni didactique car la rigueur du fond documentaire ne vient jamais empiéter sur la forme nerveuse de la mise en scène - en somme, on n’oublie jamais qu’on est au cinéma et le rythme ne faiblit jamais durant les 5h30 que dure la version longue (la version cinéma, amputée de moitié, est à oublier!).

"Carlos" multiplie les paradoxes : film de commande (pour Canal+) mais on sent l’implication d’Assayas à chaque seconde ; film tourné pour la télévision mais filmé en cinémascope ; film français mais parlé dans une bonne dizaine de langues et autant de pays ; film enfin centré sur le personnage de Carlos mais qui n’en fait à aucun moment un héros ou un portrait hagiographique : il saisit au contraire toutes les nuances et les contradictions de l’individu. Enfin, l’interprétation énergique d’Edgar Ramirez (exceptionnelle) dans le rôle-titre illustre le charisme du terroriste. Toutes proportions gardées, il s'agit là d'un film aussi dense et complexe que la trilogie du Parrain.

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