
Une fois n'est pas coutume, l'excellent accueil critique réservé à "Des hommes et des dieux", le cinquième film de Xavier Beauvois, depuis sa présentation à Cannes (où le film a obtenu le Grand prix du jury), jusqu'à sa sortie (Pierre Murat de Télérama constituant une exception notable), s'est doublé d'un succès public inattendu, certains spectateurs visionnant le film deux fois - phénomène réservé d'habitude à des films comme "Avatar". Un tel engouement n'a pas manqué d'alimenter les rubriques de nos chroniqueurs du temps présent qui ont attribué tour à tour ce succès à un besoin de la part des Français de revenir à des valeurs essentielles (la foi, l'amour, le devoir moral) en ces temps de crise, de reprendre espoir grâce à un message de paix et de tolérance et de croire à un dialogue possible entre les religions. L'auréole est tout de même un peu lourde à porter pour Xavier Beauvois qui ne pensait sûrement pas que son film s'inscrirait à un tel point dans l'air du temps. Rien de morbide non plus, bien que l'on sache d'emblée le sort réservé aux moines, mais le souci de coller au plus près à la foi qui anime les personnages ainsi qu'aux difficultés et aux doutes auxquels ils sont confrontés. Ajouter à cela une belle mise en valeur des paysages marocains, offrant au film un cadre inspiré du western - le thème des résistants retranchés rappelant vaguement "Rio Bravo". Dommage en revanche que Beauvois insiste un peu trop sur cette dimension-là : le dernier repas des moins, filmé en gros plans, rappelle Sergio Leone - influence hors de propos ici. D'autant que l'oeuvre musicale utilisée à cette occasion - "Le Lac des cygnes" - empêche la séquence d'atteindre son but : transcender, par la seule grâce de la musique, la joie et la souffrance afin de figurer l'apothéose des moines. Une fausse bonne idée donc, d'autant plus dommageable que la plus grande sobriété guidait l'ensemble du film jusque-là. La prestation de Lambert Wilson est particulièrement habitée : le film lui doit beaucoup.
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